le 02/01/2018
-Le succès de la reine des monnaies électroniques virtuelles inquiète les spécialistes de la lutte contre le blanchiment pour qui cette monnaie virtuelle peut faciliter la cybercriminalité.
Autogestion
Né en 2009 au lendemain du déclenchement de la crise financière, le bitcoin est une monnaie électronique qui se caractérise par son auto-gestion. Elle échappe à tout contrôle d’un Etat, d’une banque ou d’une autorité centrale. C’est un algorithme qui organise ses émissions. Celles-ci sont programmées pour s’achever en 2140 jusqu’à qu’il y ait un nombre total de 21 millions de bitcoins en circulations dans le monde.
Cette décentralisation pose la question de sa légalité. Et les régulateurs commencent à s’inquiéter du succès de cette crypto-monnaie et multiplient les mises en garde. Des Etats comme le Maroc ou Israël ou encore la Corée du Sud ont d’ailleurs choisi de l’interdire purement et simplement ou de l’encadrer strictement.
Un placement prisé
Basé sur la technologie de la blockchain, le bitcoin créé par Satoshi Nagimoto, vraisemblablement un groupe de programmateurs informatiques, a comme ambition de constituer une monnaie virtuelle et de constituer un système de paiement et d’échange d’argent via des transactions reposant sur la cryptographie. Il est ainsi possible d’effectuer un don en bitcoins à une ONG comme la Croix-Rouge ou d’effectuer des transactions en bitcoins sur un site de commerce électronique. Mais en réalité, le bitcoin est actuellement davantage utilisé comme un instrument de placement financier que comme un instrument de paiement.
Une forte volatilité
Et ce placement s’avère particulièrement rentable. Cette année les cours internationaux du bitcoin ont été multiplié par 20 passant de 1000 dollars au début de l’année à près de 20.000 dollars en décembre 2017. Seul bémol, les cours du bitcoin se caractérisent par une forte volatilité. Ils peuvent varier de 10% en une seule journée, ce qui alimente les risques de spéculation au point que certains évoquent une véritable bulle. En décembre les cours ont plongé, atteignant 13.000 dollars, la plus mauvaise performance de la crypto monnaie depuis 2013, qui a ainsi perdu jusqu’à 30% de sa valeur.
Des risques de fraudes
Autre nuage à l’horizon, la crypto-monnaie est soupçonnée de faciliter la cybercriminalité. Le cadre juridique de la monnaie virtuelle reste lacunaire. Le bitcoin n’a pas à ce jour de statut légal explicite et son encadrement par les pouvoirs publics reste embryonnaire. En droit français, cette crypto monnaie n’est pas reconnue comme un instrument financier. Les travaux préparatoires à la modification de la 4ème Directive devrait permettre de clarifier le statut de cette monnaie virtuelle. Dans cette attente, Tracfin, la cellule de renseignement financier, s’inquiète de l’utilisation de cette cyber monnaie dans des paiement de stupéfiants, des cyberattaques avec demandes de rançons en bitcoins ou des opérations de financement d’actions terroristes. « Une triple bulle, spéculative, opaque et criminelle ». Cette formule récente de Bruno Dalles le directeur de Tracfin pour décrire le bitcoin, lors de la présentation du dernier rapport de Tracfin sur le blanchiment, en décembre 2017, a de quoi intimider les futurs investisseurs.