le 19/10/2021
-L’accélération des prix à la consommation est-elle annonciatrice d’une inflation durable ? Quelles conséquences en tirer en terme de diversification de portefeuille ?
Dans la zone euro, le taux d’inflation annuel est estimé à 3,4% en septembre 2021. Il était de 3% en août 2021 et de 2,2% en juillet 2021 d’après les chiffres d’Eurostat. Il s’agit de son plus haut niveau historique depuis 13 ans.
Pourquoi l’inflation ?
Le phénomène actuel s’explique par l’évolution des prix de l’énergie. Le redémarrage simultané des économies mondiales après la crise sanitaire a dopé la demande, créant un décalage avec l’offre en énergie qui n’a pas retrouvé son niveau habituel. Cette hausse des prix de l’énergie a été répercutée sur le prix des matières premières, tout comme l’augmentation massive des coûts de fret. Les tensions sur les chaînes d’approvisionnement et les pénuries de composants ont achevé d’augmenter les prix des biens industriels. Mécaniquement l’indice des prix augmente.
En revanche, l’inflation sous-jacente – qui exclut les prix les plus volatils dont ceux de l’énergie -, est quant à elle limitée à 1,6% dans la zone euro.
Un phénomène transitoire
Pour nombre d’observateurs le niveau d’inflation actuelle correspond en grande partie à un effet de base liée à la baisse des prix constatée en 2020 sous l’influence de la crise sanitaire et de la plongée des prix de l’énergie. Il s’agirait donc d’une phase de normalisation transitoire, due au rattrapage économique.
Selon la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, l’inflation est donc « en grande partie temporaire ». Dans la zone euro, l’inflation, qui était attendue à 1,9%, devrait atteindre 2,2% en 2021 puis 1,7% en 2022 et 1,5% en 2023. Même analyse du côté des économistes de la Banque de France, pour qui « la hausse récente de l’inflation est de nature temporaire ». Ils anticipent une croissance annuelle de l’inflation en dessous de 2,2% pour 2022.
Quelle allocation d’actifs ?
Aux États-Unis, l’accélération de l’inflation est plus forte avec une prévision de la réserve Fédérale Américaine (Fed) à 4,2% pour l’année 2021. Surtout, les prévisions de croissance ont été abaissées à 5,9% au lieu de 7%.
Le relèvement des taux d’intérêt est prévu pour 2022. Cela pourrait inciter les investisseurs à se montrer prudents dans leurs obligations d’actifs sur les obligations d’État américaines et dans une moindre mesure sur celles de la zone euro. En revanche, les obligations à haut rendement (High Yield), les obligations inflation, les obligations investment grade européennes pourraient continuer à avoir leur faveur. Sur les marchés actions, les portefeuilles d’actifs pourraient favoriser la zone euro et les secteurs jugés les plus porteurs, notamment le secteur bancaire, à qui le phénomène d’inflation pourrait profiter.
Que faire en cas d’accélération de l’inflation ?
En cas de forte inflation, le scénario le plus vraisemblable consiste à voir les banques centrales cesser leurs politique accommodantes et les taux d’intérêts des obligations d’État partir à la hausse. Face à la remontée des taux longs et courts, les marchés actions devraient tirer, du moins au début, assez bien leur épingle du jeu sauf si l’inflation devient trop forte les exposant au risque de récession.
Les investisseurs pourraient alors privilégier des valeurs refuges décorrélées des marchés financiers devenus trop volatils, comme l’or ou les bois et forêts. Ils peuvent en outre se tourner vers les obligations indexées, voire vers les matières premières, des actifs généralement corrélés positivement à l’inflation, afin de protéger leur portefeuille.